L'art religieux

La salle religieuse s'imposait dans ce musée. Il est difficile de s'implanter dans un ancien archevêché sans faire référence à ceux qui ont fait construire et ont vécu dans ce bâtiment. Il est tout aussi difficile de ne pas faire mention de cette dimension religieuse en évoquant ces hommes et ces femmes dont le musée témoigne. Si la vie du paysan alpin allait de la vigne à l'alpage, elle passait nécessairement par l'église, les chapelles et devant les croix et les oratoires.

Richard Baudet a sculpté pour le musée cette enseigne qui porte le nom de Todesco, célèbre sculpteur de l'époque baroque en nos vallées. C'est un hommage que le sculpteur contemporain rend à son confrère d'autrefois. C'est une manière de souligner la place de la sculpture sur bois dans les églises et chapelles savoyardes. C'est aussi une manière de souligner le rôle important de Moûtiers à l'époque baroque.

En ces temps où l’on n’avait point besoin de nos précisions chronométriques, la journée s’organisait d’angélus en angélus et la semaine se ponctuait par le dimanche que l’on demandait d’honorer, après être passé par le maigre vendredi. Quant à l’année, elle suivait les grands cycles liturgiques. Préparée par les rigueurs de l’Avent, la fête pouvait se déployer tout au long du cycle des Douze Jours qui conduisait de la Noël à l’Epiphanie. Revenait le sombre carême fait d’ascèse et d’abstinence avant que n’éclate dans la joie des Pâques fleuries le retour de la vie. Ainsi allait l’année, de la saint Jean d’été à celle de l’hiver, d’Annonciation en Assomption, sans oublier de saluer en leurs jours, saints patrons et protecteurs.

La cheminée de cette pièce est très intéressante. De belle taille, elle a une longue histoire que les pierres qui la composent permettent de raconter. Sur le linteau on a des armoiries, ce sont celles de Monseigneur de Grolée (archevêque  de 1516 à 1559) ; au-dessus, ce sont les armoiries de Mgr Germonio (archevêque de 1608 à 1627). Cela permet déjà de comprendre  que la cheminée a des éléments du début du 16ème siècle et d’autres du début du siècle suivant. Mais si l’on regarde attentivement les côtés, on remarquera qu’il y a des pierres de réemploi au niveau des parties qui rejoignent le linteau ; ces pierres portant des inscriptions sur lesquelles on peut retrouver le nom de Germonio bien que les pierres soient coupées. Sans doute est-ce une inscription gravée à l’époque de Germonio et réutilisée après le décès de cet archevêque. La cheminée telle qu’elle nous apparaît a donc une histoire, au niveau de sa construction, de plus d’un siècle et demi.

Ce qui est un peu cocasse c’est la cohabitation entre les deux armoiries qui évoquent des personnages bien différents. De Grolée est un archevêque typique de la période qui a précédé la Contre-Réforme alors que Germonio est exactement l’inverse : réformateur des mœurs du clergé à la suite du concile de Trente et du synode qu’il tînt à Moûtiers en 1609, il fut aussi un ambassadeur très fidèle de la Maison de Savoie, acceptant même une longue ambassade auprès de la Cour d’Espagne pour y défendre les intérêts de la Maison de Savoie. C’est d’ailleurs au cours de cette ambassade qu’il mourut, étant enterré au palais de l’Escurial. Les armoiries de De Grolée et celles de Germonio, c’est donc un peu comparable au fait de mettre, l’une à côté de l’autre, une francisque et une croix de Lorraine par rapport au contexte de la Seconde Guerre Mondiale.

dscn2972.jpgArmoiries Mgr Germonio

 

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Armoiries Mgr de Grolée

Chasuble - Musée TP Moûtiers

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L'évocation des retables nous conduit tout naturellement dans l'atelier du menuisier.